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Labo sciences historiques

Pierre VERSCHUEREN

verschueren

  Maître de conférences en histoire contemporaine
 

Adresse e-mail :  pierre..fr

Archive ouverte HAL

 

Titres universitaires


Docteur en histoire contemporaine de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
(2017, qualifié par le CNU en sections 19, 22 et 72)
Agrégé d'histoire (2013)
Ancien pensionnaire annuel de la Maison française d'Oxford (2010-2011)
Ancien élève de l'École normale supérieure (2008)


Parcours professionnel

2018- : Maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Franche-Comté (Centre Lucien Febvre)
2016-2018 : Attaché temporaire d'enseignement et de recherche au Collège de France (chaire de Sociologie du travail créateur)
2013-2016 : Doctorant contractuel enseignant à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Institut d'histoire moderne et contemporaine)
2008-2013 : Élève fonctionnaire stagiaire de l'École normale supérieure (B/L)

 

 

Thèmes de recherche

Spécialiste d’histoire sociale à l’époque contemporaine, mes travaux se placent à l’intersection de l’histoire des savoirs scientifiques et de l’histoire de l’enseignement supérieur, en dialogue étroit avec la sociologie et l’histoire des professions – et avec une perspective qui s’est progressivement inscrite au sein des humanités numériques. Le projet de long terme qui structure mes recherches est de renouveler l’analyse des transformations qu’a pu connaître le champ scientifique, en proposant d’analyser les sciences comme des activités professionnelles, c’est-à-dire comme des systèmes d’actions variées intégrées dans des carrières. L’hypothèse est que cette optique permet de se donner les moyens d’étudier finement et concrètement les évolutions des disciplines, sur le plan du contenu cognitif mais aussi des normes et des pratiques, y compris enseignantes. Pour le dire autrement, je m’intéresse en particulier aux transformations des systèmes de production des savoirs scientifiques, ainsi qu’à leurs conséquences sur les structures des carrières, sur les dispositifs de formation, d’internationalisation, de sociabilité et de mobilisation, en un mot sur les pratiques scientifiques et professionnelles.

Mes travaux dans cette perspective ont commencé, lors de ma thèse de doctorat, à partir du cas des sciences physiques après la Seconde Guerre mondiale. L’objectif de ce premier travail a été est d’analyser et d’expliquer, en adoptant un angle de socio-histoire des sciences combinant échelles et méthodes, la transition qui s’opère au sortir de la Seconde Guerre mondiale : les scientifiques, considérés et se considérant encore dans leur immense majorité comme des savants à la fin des années 1940, changent de métier et deviennent des chercheurs. Partant du déplacement majeur de la place de la science dans les représentations provoqué par Hiroshima, l’analyse porte, dans un premier temps, sur l’entrée, ou le retour, de la question scientifique dans l’arène politique, avec la prise de conscience par un certain nombre d’acteurs, en particulier physiciens et chimistes, que « la République a besoin de savants » – ce qui passe par des mobilisations collectives selon une série de registres d’action, de la pétition à l’action syndicale en passant par le lobbyisme. Le deuxième temps de l’étude porte sur la vie des facultés et des laboratoires : le recul du modèle du savant s’y fait à un rythme plus difficile, peut-être plus inéluctable, ce que montrent le témoignage d’un officer de la Fondation Rockefeller, l’étude de la réglementation et de ses applications, mais aussi la prosopographie et la social network analysis. Un troisième temps se concentre, à l’échelle locale, sur la technologie sociale de formation des scientifiques, qui connaît une forte recomposition et une indéniable internationalisation, cristallisant la transformation du métier de scientifique. Enfin, ce renouvellement du travail scientifique se traduit jusque dans les normes de la science, ce que montre l’étude fine de l’écologie doctorale destinée à certifier une formation à la recherche, au travers en particulier du corpus des rapports de thèses de doctorat.

Depuis lors, outre l'approfondissement de ces perspectives, mes recherches se développent dans trois directions.

Un premier axe est consacré à la question des mathématiques. En lien avec l’équipe pluridisciplinaire de Pierre-Michel Menger au Collège de France, j’ai commencé à travailler à partir de 2017 sur les structures des carrières des mathématiciens français dans la deuxième moitié du XXe siècle, dans une perspective de comparaison entre mathématiques et physique : pour le dire en un mot, il s’agit d’éclairer les raisons du maintien de l’élitisme et du malthusianisme des mathématicien·ne·s dans un contexte où leurs collègues physicien·ne·s ont au contraire fait le choix de l’expansion effrénée – et ont pu ou su trouver les ressources nécessaires à celle-ci.

Un deuxième axe est consacré à la question des sciences médicales, particulièrement crucial, du point de vue d’une socio-histoire des sciences comme activité professionnelle, car dans ce domaine la montée en puissance de la recherche se traduit par l’apparition de nouvelles normes et de nouvelles carrières professionnelles, ancrées dans le laboratoire, plutôt que par la transformation d’anciennes pratiques et habitudes. Les découvertes, les médicaments, les avancées thérapeutiques deviennent des arguments de plus en plus efficaces aux mains d’une série d’entrepreneurs institutionnels, leur permettant de s’attirer le soutien des pouvoirs politiques et publics, d’acteurs économiques importants, mais aussi des grands publics, légitimant à la fois la mise en place de nouveaux dispositifs professionnels et l’obtention de financements grandissants pour la recherche médicale - tout en entrant en concurrence avec les enjeux directement cliniques et hospitaliers, ce que montre une étude au "raz des services" de la mise en place de la réforme Debré de création des centres hospitalo-universitaires, à partir de 1958.

Le troisième axe s’intéresse à l’histoire longue du doctorat ès lettres, depuis sa mise en place en 1808 jusqu’à sa disparition avec la réforme de 1988. Au sein du système universitaire tel qu’il se (re)cristallise, au cours du XIXe siècle, en France mais aussi dans le reste du monde, le doctorat a de fait acquis une importance spécifique. D’une part, alors qu’initialement il visait à prouver la maîtrise d’un ensemble de savoir-faire intellectuels, il tend progressivement à certifier aussi la capacité à produire des connaissances nouvelles, devenant ainsi le seul grade à exiger une production de savoir original en sciences humaines et sociales. D’autre part, il devient la barrière et le niveau régulant l’accès au corps universitaire lui-même, et la hiérarchisation au sein de celui-ci. Ce titre se trouve ainsi placé à l’interface entre le système de production des savoirs et le système de reproduction des élites intellectuelles. Il s’avère que la documentation concernant le doctorat ès lettres est singulièrement dispersée, nécessitant la mise en œuvre des méthodes des humanités numériques : le travail a donc commencé par la construction du projet ès lettres, que je co-porte avec Cécile Obligi, cheffe du Service de valorisation numérique des collections et du soutien à la recherche (SERVAL) de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS), et financé par le GIS Coll-Ex-Persée en 2020-2023. Une importante base de données a été mise en place, accessible en ligne en open access et reliée à des référentiels classiques (comme IdRef), accessible depuis son lancement en septembre 2022 sur https://eslettres.bis-sorbonne.fr/. Le projet dispose d'un carnet hypothèses : https://eslettres.hypotheses.org/

PUBLICATIONS

Thèse de doctorat

Des savants aux chercheurs. Les sciences physiques comme métier (France, 1945-1968), soutenue le 8 décembre 2017 à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Le jury était constitué de Soraya Boudia (rapp.), Christophe Charle (dir.), Robert Fox, Gabriel Galvez-Behar, Anne Rasmussen (prés. et rapp.) et Nathalie Richard (dir.).

Cette thèse a reçu trois distinctions, dont une internationale :
– Prix de l’Association des historiens contemporanéistes de l’enseignement supérieur et de la recherche (2018)
– Premier accessit du prix de thèse de la Société française d’histoire des sciences et des techniques (2018).
– Singer Prize de la British Society for the History of Science (2018).

Articles dans des revues à comité de lecture


« Un Plan sur la comète. Le manifeste Sur un oubli dans le Plan Monnet et la genèse oubliée de la politique de l’enseignement supérieur et de la recherche en France après-guerre », 20 & 21. Revue d'histoire, 155, 2022, p. 151-179.
avec Cécile Obligi, « Le projet ès lettres : premiers jalons pour une socio-histoire des docteurs ès lettres », Revue d'histoire des sciences humaines, 39, 2021, p. 239-252.
avec Pierre-Michel Menger, Colin Marchika et Yann Renisio, « Formations et carrières mathématiques en France : un modèle typique d'excellence ? », Revue française d'économie, 35 (2), 2020, p. 155-217.

« Cécile Morette and the Les Houches summer school for theoretical physics; or, how Girl Scouts, the 1944 Caen bombing and a marriage proposal helped rebuild French physics (1951–1972) », The British Journal for the History of Science, 52 (4), 2019, p. 595-616.


« É possível planejar a ciência ? Os cientistas franceses e a gênese de uma política científica no pós-guerra », Política & Sociedade, 17 (38), 2018, p. 135-160.


« Les rapports de thèses de doctorat ès sciences physiques, révélateurs des normes de la science : le Jeune-Turc, le mandarin, la recherche (1944-1959) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 132, 2016, p. 111-123.


« Une situation "normale". Les sciences à l'École normale supérieure après 1945. Archives, sources et usages », La Gazette des archives, 243, 2016, p. 65-75.


« Dompter l'Hécatonchire : les réseaux dans l'atelier de l'historien », Hypothèses, 19, 2016, p. 177-186.


« Homo academicus reticulatus : le doctorat d'État et les recompositions des disciplines scientifiques après la Seconde Guerre mondiale », Hypothèses, 19, 2016, p. 199-210.


« La science comme vocation ? Les élèves scientifiques de l'École normale supérieure et l'espace de leurs carrières (1944-1962) », Histoire de l'éducation, 144, 2015, p. 79-103.


« Lebeau André (1932-2013). Chaire de Techniques et programmes spatiaux (1980-1998) », Cahiers d'histoire du CNAM, 4 (2), 2015, p. 87-98.

Articles dans des revues sans comité de lecture et actes de colloques

« Histoire des registres de prêt aux lecteurs : quelles technologies de papier ? », in Laurence Bobis et Boris Noguès (dir.), La Bibliothèque de la Sorbonne. 250 ans d'histoire au cœur de l'université, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021,
p. 191-195.


« L'Université qui voulait être moderne. Savants, chercheurs et temps de la recherche (1945-1960) », in François Jarrige et Julien Vincent (dir.), « La modernité dure longtemps ». Penser les discordances des temps avec Christophe Charle, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020, p. 203-224.


« Transmission. "Un article à brûler" ? Les élèves de Christophe Charle, essai d'histoire sociale », in Nicolas Delalande, Béatrice Joyeux-Prunel, Pierre Singaravélou et Marie-Bénédicte Vincent (dir.), Dictionnaire historique de la comparaison, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020, p. 295-297.


« Les habits neufs de l'internationalité : Les sciences physiques entre la France et le monde (1945-1960's) », in Pierre-Michel Menger (dir.), Le talent en débat, Paris, Presses universitaires de France, 2018, p. 135-182.

« À l'ombre des grands accélérateurs : Physiciens, chimistes et écriture de soi après 1945 », Page 19. Bulletin des doctorants et jeunes chercheurs du Centre d'histoire du XIXe siècle, 4-5, 2016, p. 133-147.


« Le rire de la vieille dame ? Humours, sciences et politiques rue d'Ulm de 1945 à 1971 », in Pierre Serna (dir.), La Politique du rire : satires, caricatures et blasphèmes. XVIe-XXIe siècles, Seyssel, Champ Vallon, collection « La Chose Publique », 2015, p. 183-214.

Notes critiques et comptes rendus

Compte-rendu de Peter Dhondt (dir.), University Jubilees and University History Writing: a Challenging Relationship, Leiden, Brill, 2015 pour The British Journal for the History of Science, 49 (1), 2016, p. 151-152.


Compte-rendu de Anne-Lise Rey (dir.), Méthode et histoire : quelle histoire font les historiens des sciences et des techniques ?, Paris, Classiques Garnier, 2013 pour The British Journal for the History of Science, 48 (3), 2015, p. 504-505.


Compte-rendu de Florent Le Bot, Virginie Albe, Gérard Bodé, Guy Brucy et Élisabeth Chatel (dir.), L'ENS Cachan. Le siècle d'une grande école pour les sciences, les techniques, la société, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013 pour Histoire de l'éducation, 137, 2013, p. 156-159.


Onze comptes rendus publiés sur des sites dédiés à cette activité : liensocio.org, nonfiction.fr et laviedesidees.fr.

Publications à but pédagogique

« La puissance du golem. Sciences et techniques au XXe siècle », in Nicolas Beaupré et Florian Louis, Histoire mondiale du XXe siècle, Paris, Puf, 2022, p. 1029-1057.


« Produire de la connaissance scientifique : recherche et échanges des hommes et des femmes de science sur la question de la radioactivité de 1896 aux années 1950 », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe, avril 2021, https://ehne.fr/fr/node/21545.


« Biographie et prosopographie », in Reine-Marie Bérard, Bénédicte Girault, Catherine Rideau-Kikuchi (dir.), Initiation aux études historiques, Nouveau Monde éditions, Paris, 2020, p. 309-323.


« La circulation des savoirs en sciences physiques au XXe siècle », Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l'Europe, novembre 2019, https://ehne.fr/node/2538.


« "Great things are done when (Wo)Men & Mountains meet". Cécile Morette and the Les Houches Summer School for Theoretical Physics (1951-1972) », Cambridge Core blog, octobre 2019.

Médiation scientifique, notes de carnet Hypothèses et autres publications

« Rouvrir le dossier (1) : les premiers temps du doctorat ès lettres (1810-1830) », Es lettres, avril 2022, https://eslettres.hypotheses.org/495


« Prélude : à propos du premier docteur ès lettres (1810) », Es lettres, février 2022, https://eslettres.hypotheses.org/318


« Faire de l'histoire des sciences comme de l'histoire du travail », Devenir historien-ne, mars 2020, https://devhist.hypotheses.org/3793.


« René Blondlot et les rayons N, ou l'imposteur malgré lui », L'Archicube, 28, juin 2020, p. 73-78.


« Si je prends la plume pour vous sermonner... », in Jean-Marc Lévy-Leblond (dir.), Lettres à Marie Curie, Paris, Éditions Thierry Marchaisse, 2020, p. 169-173.


« Retour sur un recrutement », Academia, février 2019, https://academia.hypotheses.org/5031.


« OuThèPo et ses docto-rats », Formules. Revue des créations formelles, 21, 2018, p. 194-197.

Notes critiques et comptes rendus

Compte rendu de Florent Le Bot et Alain Michel (dir.), Ingénieurs et entreprises, XIXe-XXIe siècle, numéro spécial d'Artefact, 13, 2020, pour Technology and Culture, 63 (1), 2022, p. 272-274.


Compte rendu de Jean-Luc De Paepe, Pierre Jodogne et Isabelle Algrain (dir.), From a Republic of Scholars to a Community of Researchers. Perspectives on the History of the International Union of Academies (UIA), 1919-2019. D'une République de savants à une communauté de chercheurs. Regards sur l'histoire de l'Union Académique Internationale (UAI), 1919-2019, Turnhout, Brepols, 2019, pour Revue d'histoire ecclésiastique, 116 (3-4), 2021, p. 1105-1106.


Compte rendu de Gabriel Galvez-Behar, Posséder la science. La propriété scientifique au temps du capitalisme industriel, Paris, Éditions de l'EHESS, 2020, pour 20&21. Revue d'histoire, 151, 2021, p.199-200.


Compte rendu de Joanna Goldlewicz-Adamiec, Darius Krawczyk, Malgorzata ?uczy?ska-Ho?dys, Pawel Piszczatowski et Malgorzata Soko?owicz (dir.) Femmes et le Savoir / Women and Knowledge / Frauen und Wissen, Paris, Classiques Garnier, 2020, pour Histoire de l'éducation, 156, 2021, p. 2323-234.


Compte rendu de Roger H. Stuewer, The Age of Innocence: Nuclear Physics between the First and Second World Wars, Oxford, Oxford University Press, 2018, pour Annales. Histoire, Sciences Sociales, 75 (2), 2020, p. 357-358.


Compte-rendu de Jean-Charles Foucrier, La Guerre des scientifiques (1939-1945), Paris, Perrin, 2019, pour 20 & 21. Revue d'histoire, 146, 2020, p. 198-199.


avec Catherine Rideau-Kikuchi, compte-rendu de Claire Lemercier et Claire Zalc, Quantitative methods in the Humanities: An Introduction, Charlottesville, University of Virginia Press, 2019, pour Annales. Histoire, Sciences Sociales, 73 (4), décembre 2018, p. 963-966.


Compte-rendu de Dominique Julia (dir.), L'École normale de l'an III : Une institution révolutionnaire et ses élèves. Introduction historique à l'édition des Leçons, 2 vol., Paris, Éditions Rue d'Ulm, 2016, pour la Revue d'histoire des sciences, 71 (2), 2018, p. 337-338.


Compte-rendu de Laurent Rollet, Étienne Bolmont, Françoise Birck et Jean-René Cussenot (dir.), Les enseignants de la faculté des sciences de Nancy et de ses instituts. Dictionnaire biographique, 1854-1918, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2017, pour la Revue d'histoire moderne et contemporaine, 65 (3), 2018, p. 185-186.


Compte-rendu de Michel Pinault, Émile Borel. Une carrière intellectuelle sous la IIIe République, Paris, L'Harmattan, 2017, pour la Revue d'histoire des sciences, 71 (1), 2018, p. 133-134.